La pratique

Par la répétition d’exercices (les suburis qui peuvent être envisagés comme un alphabet de mouvements élémentaires), le pratiquant vise, entre autres, à réaliser l’unité du corps avec le ken ou le jo qui doivent ainsi véritablement devenir le prolongement de son corps. Par extension de ce principe, la sensation doit devenir la même avec un partenaire qui doit être maîtrisé de la même façon et suivant les mêmes principes.

La pratique des armes permet également d’appréhender différentes distances face à un ou plusieurs adversaires (maai), de travailler une posture correcte (shisei) et de vaincre l’appréhension des armes. Bien que la plupart des techniques d’aïkido (issues principalement des 118 techniques de base du Daito-ryu) soient des techniques développées, non pas à partir de techniques d’armes, mais soit de lutte à mains nues, soit de défense à mains nues contre un attaquant armé, l’étude des armes peut parfois être utile à la compréhension de certaines techniques à mains nues via certains parallèles.

En effet, une grande quantité de mouvements est dérivée des techniques utilisées par les guerriers armés, ou de techniques utilisées pour désarmer l’adversaire. De plus, la visualisation d’un mouvement avec un sabre donne une conception plus claire du mouvement à effectuer à mains nues. Les techniques de sabre ont eu une grande importance dans l’élaboration de l’aïkido par Maître Ueshiba.

On peut aussi considérer que, fondamentalement, une technique d’aïkido ne peut se réaliser efficacement que si « l’entrée », l’instant de mise en relation entre les deux protagonistes au moment de l’attaque, est réussie. C’est l’instant « aïki », fraction de seconde où l’harmonie est ou n’est pas, que le génie martial de Moriheï Ueshiba a su percevoir et développer. La pratique des armes permet de se focaliser principalement sur cet instant.

La pratique des armes est très diverse :

  • jo contre jo ;
  • jo contre mains nues / mains nues contre jo, pratique appelée « jo nage » lorsque l’adversaire saisit votre jo ; ou « jo dori » lorsqu’il vous attaque avec un jo ;
  • bokken contre bokken, pratique appelée « ken tai ken » ;
  • bokken contre mains nues / mains nues contre bokken, pratique appelée « tachi dori » ;
  • bokken contre jo, pratique appelée « ken tai jo » ;
  • tanto contre mains nues, pratique appelée « tanto dori » ;
  • juken (baïonnette) contre mains nues, pratique appelée « juken dori » dont Moriheï Ueshiba fut longtemps instructeur pour les armées impériales.

L’apprentissage peut comporter plusieurs types d’exercices :

  • suburi : mouvements réalisés seul et destinés à développer la maîtrise des armes et à apprendre différents coups et postures ;
  • awase : applications avec partenaire des suburi destinées à travailler l’harmonisation ;
  • kumijo et kumitachi : séquences de combat stéréotypées avec partenaire ;
  • kata : suite codifiée de coups et techniques pouvant s’exécuter seul ou à plusieurs.

Une autre arme est pratiquée dans certaines écoles d’aïkido : le  (bâton long) ainsi que le bâton court ou tambō. La pratique du  permet d’abord la juste position des hanches et des pieds, qui est la même qu’à mains nues.

Aux États-Unis, certains dojo enseignent également des techniques de désarmement avec des pistolets en mousse ou en bois, tandis qu’en Afrique, certains dōjō pratiquent des techniques de défense contre différents types de machettes.

Au niveau des passages de grade, le travail à mains nues contre le  ou le tantō est généralement exigible à partir du premier kyū. Le travail au bokken, contre mains nues ou contre un autre bokken, est exigible à partir du troisième dan. Bien entendu, des différences existent là aussi d’une école à l’autre.

Le secret de l’Aïkido est tout simple, il suffit d’être présent au présent

fr_FRFrench